Guide du français correct en PDF
AVANT-PROPOS
Qu’il s’agisse du sens des mots, de leur orthographe, de leur prononciation ou de la syntaxe, la langue française est de plus en plus malmenée, notamment à la radio et à la télévision, au grand dam d’une partie du public qui, à bon droit, attache du prix à un français correct.
Mais comment mettre fin à cette cascade de fautes commises de bonne foi, tant que les puissants cerveaux qui régissent l’enseignement n’auront pas songé à organiser celui de la langue française, ne serait-ce, à tout le moins, que pour répertorier, puis redresser en temps utile ces erreurs persistantes qui la défigurent ? Il va de soi que pareille entreprise de salut public exigerait des autorités dites « compétentes » un certain effort concrétisé par une programmation systématique et progressive, sagement échelonnée sur plusieurs années et qui, hélas, brille toujours par son absence.
C’est en vain qu’on chercherait dans le cartable de nos élèves un seul véritable livre de français, rassemblant tous les renseignements pratiques qui devraient normalement s’y trouver. Pas davantage ne faut-il s’attendre à ce que ces derniers soient fournis en classe à nos élèves pendant l’heure dite de « français », si ce n’est en s’en remettant à l’initiative individuelle de certains professeurs conscients de la nécessité qu’il y a à combler de béantes lacunes, sans suivre, toutefois, un plan préétabli, ce qui nuit beaucoup à l’efficacité de cette entreprise.
Mais celle-ci n’est pas chose aisée, tant s’en faut. Car, en ce qui concerne les mots français trop souvent détournés de leur véritable sens par pure ignorance, le marché ne manque pas, hélas, de « linguistes » laxistes ou capitulards qui, invoquant certain « usage » de gens mal renseignés — et pour cause ! —, acceptent sans rechigner qu’un globe terrestre soit stupidement baptisé « mappemonde » (carte plane !), qu’une période de dix ans se ratatine en « décade » (dix jours), qu’un amarrage (jonction) prenne le nom usurpé d’« arrimage » et un postulant celui, tout aussi injustifié, d’« impétrant », sans oublier le quatuor généreusement amplifié en « quarteron » (vingt-cinq unités), les boissons alcooliques édulcorées sans raison en boissons simplement « alcoolisées » (additionnées d’alcool), et le brave client métamorphosé malgré lui en... marchandise par qui parle à tort d’un magasin bien « achalandé » en produits nombreux et variés.
Par pure étourderie, ces linguistes indulgents et peu soucieux de précision oublient au passage de donner un terme de rechange pour chacun de ces mots employés en dépit du bon sens. Pléthore d’un côté, pénurie de l’autre au nom d’un prétendu « usage » souverain d’une foule d’« usagers » très mal informés ; est-ce bien raisonnable ?
Si l’on n’y met bon ordre, et au détriment des gens qui aiment à juste titre employer le terme propre, on disposera donc demain de deux mots bien distincts pour désigner un globe, une décennie, un amarrage, un postulant, un quatuor, une boisson à base d’alcool et un magasin aux rayons bien garnis. Dans ce dernier cas, faudra-t-il forger le mot « acclienté » pour remplacer : achalandé fâcheusement détourné de son véritable sens, qui l’apparente pourtant à chaland, chalandise et achalandage ?
Les linguistes susmentionnés restent totalement muets sur ce point pourtant capital. Pas davantage ne leur viendrait-il à l’idée d’évoquer l’existence d’établissements scolaires où, entre autres activités pompeusement baptisées « pédagogiques », on pourrait tout de même songer de temps en temps à enseigner à nos élèves le sens précis des mots français, à condition, encore, .....

.webp)